HOLSTEIN : LES MÂLES IMPORTÉS SONT D'ABORD DES CONFIRMÉS

QU'ILS VIENNENT D'EUROPE OU D'AMÉRIQUE DU NORD, les importateurs de doses insistent tous sur une demande centrée sur des taureaux qui ont fait leurs preuves. La génomique est entrée très vite dans les pratiques de sélection et l'offre des entreprises françaises s'est focalisée sur les jeunes taureaux, dans une optique d'accélération du progrès génétique, notamment sur les fonctionnels.

Aujourd'hui, certains émettent des doutes quant à la justesse de cette stratégie. Le testage n'a pas disparu partout comme en France. Une offre élargie de taureaux confirmés sur descendance est donc la bienvenue. Mais on peut penser aussi que la disponibilité des jeunes taureaux étant forcément limitée au début, les importateurs trouvent un intérêt à promouvoir les plus anciens, souvent plus productifs.

Par ailleurs, la variabilité génétique, recherchée à première vue par les acheteurs, ne constitue pas forcément un argument de vente. « On constate qu'en réalité, les éleveurs choisissent souvent des origines connues », témoigne Sébastien David chez Semex. Seaver (Goldwyn sur Durham) reste le taureau le plus vendu de son catalogue. Néanmoins, tous proposent des taureaux dont les pedigrees sont exempts des célèbres O-Man, Bolton, Goldwyn et Shottle.

Chez les génomiques, beaucoup s'appuient volontiers sur des familles solides pour pallier une fiabilité modeste. Mais les taureaux fils de mâles sans descendance sont aussi présents. La plupart sont reconnus pères à taureaux, y compris en France. Seuls quelques sélectionneurs se tiennent vraiment à l'affût de la dernière nouveauté des jeunes taureaux.

UN BREVET SUR L'IMMUNITÉ CHEZ SEMEX

À l'étranger comme en France, tous les taureaux commencent désormais leur carrière avec des index génomiques. Dans un deuxième temps, les plus prometteurs sont proposés en semence sexée. Certains sont remis en service lorsque les performances de leurs filles confirment leur intérêt.

Comme Gènes Diffusion a mis au point des index sur la santé du pied, le Canadien Semex s'est penché sur la transmission des gènes favorisant l'immunité. Au terme de plus de vingt ans de travaux, il a déposé un brevet. Il s'agit de caractériser les taureaux qui transmettent une résistance significativement améliorée à diverses pathologies (mammites, métrites, caillettes, rétention placentaire...). Ce critère a été récompensé lors de la dernière exposition de Madison (États-Unis). Les taureaux concernés se voient accoler le suffixe I+.

C'est l'Américain Bovec qui propose l'offre la plus étendue, avec, comme chaque année, les stars du classement TPI. Le numéro un actuel, ABS Silver, est sorti en avril et domine le classement avec 2 621 points. C'est un fils de Mogul sur Snowman. Il est indexé à 5,5 en TB ! Juste derrière à 156 points, Grafeeti est issu des mêmes pères et grands-pères. Bien noté en taux (4,8 en TB) et en fonctionnels, il est facile à utiliser.

Mais le plus vendu est aussi celui qui se classe le mieux en Isu, Gerwyn (Freddie sur Goldwyn) à 157 points. Avec Avery, Bovec propose l'un des rares fils d'Alexander à 140 points d'Isu. Négatif en taux, il améliore nettement la morphologie. Porter (Trump sur Satire) est intéressant pour la morphologie à 150 points d'Isu. Notons aussi que les premiers fils de Sanchez arrivent. Les filles de ce taureau se sont distinguées lors du dernier concours national à Fougères (Ille-et-Vilaine).

L'OFFRE COMMENCE À SE SEGMENTER PAR PROFIL DE TAUREAU

GEN France propose trois types de profils dans sa gamme avec, à chaque fois, des confirmés et des jeunes. On y trouve des taureaux axés sur la rentabilité, tels Massey ou Airforce. Le premier est noté 1,6 en mamelle, 1 en membres, 1,7 en santé de la mamelle et 0,6 en reproduction. Plus jeune, Airforce atteint 2,9 en mamelle, 0,9 en membres, 1,2 en santé de la mamelle et 1,4 en reproduction. D'autres répondent davantage à une recherche de morphologie comme Acme (3,1 en synthèse) ou Yakari (3,5 en synthèse). Enfin, une troisième gamme correspond à ceux qui cherchent des vaches productives et sans problème. C'est le cas de Surefire, indexé à 3 en morphologie, 903 en lait et 1,8 en longévité.

Chez l'Italien Semenzoo, l'actualité est dominée par la création de Semenzoo France. Cette nouvelle organisation permettra plus de rapidité et de réactivité commerciales. De plus, l'offre tarifaire est revue dans le but de favoriser les grosses commandes. Le prix des doses conventionnelles baisse de 15 % à partir de 15 paillettes, 30 % pour 30 doses et 40 % pour 60. « Le prix est important pour les grands troupeaux », justifie Didier Michalak, directeur de Semenzoo France.

L'offre italienne reste centrée sur les taureaux confirmés. Des valeurs sûres comme Mascalèse ou Glauco. Des doses sexées de ce dernier devraient bientôt être proposées. Plus récent, Mincio est le spécialiste de la mamelle avec des filles qui prennent toute leur ampleur en deuxième ou troisième veau. En génomique, Chapeau est un fils de Mogul à 187 points d'Isu, doué pour les taux (1,4 en TP et 3,3 en TB), la morphologie (3,2) et la santé de la mamelle (1,9).

JLD Genetics reste importateur des taureaux allemands de GGI et OHG, et enrichit son catalogue avec des mâles nord-américains (TAG). Les génomiques Picanto et Sundance sortent très bien en index français. Parmi les confirmés, on retient Lennox, un fils de Light Lyle qui a peu été utilisé. Ses index français annoncent des vêlages un peu difficiles (86 en naissance), mais ce n'est pas le cas en Allemagne !

Enfin, les taureaux américains et espagnols de Red Black Innovation n'ont pas encore tous d'index en base française. Ce catalogue met l'accent sur la morphologie, comme l'illustre Capital Gain (Mccutchen) noté 3,3 en synthèse. Mais on y trouve un fils d'Epic, Lindell, indexé à 3 en fertilité aux États-Unis. Red Black a fait génotyper quelques taureaux en France. Nextor (Cameron) sort à 184 points d'Isu avec une note de 3,3 en morphologie, 2 en santé de la mamelle, 1 en vitesse de traite et 1,8 en reproduction.

PASCALE LE CANN